0304 Témoigner après les révélations aux USA

Il y a quelque mois, l’explosion du mal dans l’Eglise des USA.
Les mots forts, urgents, courageux du Pape avec les cardinaux de cette Eglise.
Un mal qui se dévoile, c’est pour ceux qui ignorent le mal un scandale.
Et là le scandale.
Mais pour ceux qui ont médité sur le mal et le salut, sur le seul Saint, il n’y a que triste dévoilement.
L’Eglise peut-elle encore témoigner ? OUI.
D’abord, il y a dans l’Eglise comme dans l’humanité entière, quelques saints, beaucoup de gens du commun, qui font cahin-caha, leur chemin à la lumière de leur conscience, et quelques criminels, malades, sûrement ‘gros pécheurs’. Cela appartient à Dieu et aux canonisation pour les saints chrétiens ou païens. J’aime beaucoup par exemple la figure de Vaclav Havel.
Le témoignage de l’Eglise n’est pas d’un club de gens biens qui diraient : Regardez ce que Dieu a fait de beau en nous, venez avec nous. La repentance dans laquelle nous entraîne avec tant de sagesse notre Pape dit bien les limites de ce langage Notre témoignage est plutôt : Venez, et voyez, Dieu est croyable, le seul aimable, car lui seul sait habiter avec les pauvres jusqu’à les gracier, les sanctifier. Ça lui est crucifiant, mais c’est la seule source de sa gloire dans notre salut. Accablé par la tristesse de tant de mal, mal subi, mal transmis, mal suscité, je suis encore plus accablé par la souffrance de Dieu, dont la plus grande souffrance n’est pas la sienne, mais celle de ses fils si pauvres.

Il faut aussi évoquer ce regard focalisé du monde sur l’Eglise.
Beaucoup le ressente comme un injuste règlement de compte au sujet d’un problème qui touche tout le monde. Il y a du vrai, mais pour moi, c’est secondaire. Si le monde s’adresse d’abord à l’Eglise, ils ont raison. Même si cela fait mal ou nous humilierait, ce qui est secondaire par rapport à la souffrance de Dieu et des enfants, notre devoir de témoin, notre devoir de montrer le Père avec des pères de famille chrétienne et des pères curés de paroisse nous met en première ligne et exige de nous l’humble travail de défrichage du péché et du salut.
Seulement, il s’agit d’un lieu du mystère d’iniquité qui se dévoile, dans un domaine difficile à l’humain, à la croisé de la sexualité, de la psychologie. Si c’est dans notre société et dans l’Eglise que l’on doit affronter, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, ce qui est un mal universel et tabou depuis toujours, parfois justifié, jamais déraciné, c’est que l’œuvre assainissante de Dieu continue son travail. C’est que l’évolution de l’intelligence humaine de l’homme ne supporte plus ce qu’elle commence à pouvoir nommer et traiter dans son horizon, dans sa culture, avec ses outils modernes, dont la psychologie.
Unissons humblement intelligence et prière pour que continue de rimer travail de sanctification et d’assainissement, pour que l’homme soit tout à la fois, et grâce à Dieu, plus sain et plus saint.
Il y a paradoxalement de la Bonne Nouvelle pour la Création dans ce dramatique moment de notre histoire.

Père Bruno - avril 2003