Février 2009 Aimer comme
Ce 15 février, fête de Saint Claude la Colombière,
nous fêtons les 9 ans de notre humble chaîne
de prières. Encore merci à tous et à chacun des 453 priants qui
nous ont rejoints dans cette belle mission de devenir prière pour les enfants
en souffrance et les adultes maltraitants.
Que dans ce temps de
Carême où l’Esprit nous mène au désert, l’intercession de Saint Claude, confesseur de Sainte Marguerite-Marie - disciple du
Sacré Cœur - , permette à tous de laisser le Seigneur Notre Dieu œuvrer dans
nos vies et que nos cœurs deviennent de toutes petites flammes de Miséricorde
pour aimer comme Lui nous aime.
øøø
Aimer comme …
Voici
un autre mot reçu. Notre but n’est pas de nous lancer dans un « courrier
des lecteurs », mais ces quelques mots disent bien la tonalité des
réactions, des questions que notre intercession pose à chacun. C’est l’occasion
de préciser, et tenter de mieux traduire l’intuition d’UEDLP.
« Venant de
recevoir le bulletin n°40, j’avoue ne pas très bien comprendre la réaction
d’Albert peut-être parce que je ne ressens pas trop la difficulté à prier pour
« mon » bourreau (en reprenant le terme employé par le Père Bruno –
le « mon » étant celui que vous avez recommandé à ma prière).
Peut-être est-ce parce que je me sens tout aussi pécheur que lui … même si ce
n’est pas dans le même domaine.
Et puis dans le pater,
ne demandons-nous pas à Notre Père de nous pardonner comme nous pardonnons
tandis que le « Je confesse à Dieu » nous demandons à nos frères de
prier pour nous.
C’est peut-être prier
pour la 3ème personne comme le rappelle Père Bruno, c'est-à-dire
pour moi, que j’aurais le plus de difficulté …
Un grand merci à
Florence pour sa très belle prière et son quatrième paragraphe rédigé par le
Père Bruno. Pierre-Louis. »
Permettez-nous
quelques remarques :
- D’abord,
les avis divergents sont tous légitimes, nous sommes en chemin. L’Évangile nous
invite tous à progresser, à nous
convertir. L’expression de nos avis partagés permet d’entendre peut-être un peu
plus ce que l’Esprit dit à notre cœur, comme dans l’Apocalypse, ce qu’il dit
aux Eglises.
- Rappel,
par discrétion, tout prénom est changé : le prénom inventé permet
seulement de savoir si l’auteur est masculin ou féminin.
- Surtout,
pour nous, l’avis d’Albert est infirment recevable. « Prier pour la
deuxième personne » n’est pas évident. Cela relève du commandement du
Seigneur. Y réussir demande à être sauvé, à se laisser sauver, à aimer l’autre comme
Jésus l’aime.
- Du
reste l’avis de Pierre-Louis est son symétrique. Il faut aimer son prochain comme
soi-même. Quand certains ont du mal à prier pour le méchant, le 2ème,
d’autres ont du mal à prier pour le 3ème, pour eux-mêmes !
- En
fait, tous savent prier pour le 1er, l’enfant maltraité. Et quand
certains ont du mal à prier pour le 2nd, d’autres ont du mal à prier
pour le 3ème. Certains ont du mal à aimer les méchants, d’autres ont
du mal à s’aimer soi-même. Le salut, c’est d’arriver à « aimer l’autre comme
soi-même et comme le Seigneur l’aime et m’aime ».
- Le
commandement de Jésus qui nous invite à prier pour nos ennemis et nos
persécuteurs est fait
o non
pas pour informer Dieu de la situation. Il la connait et son amour ne nous a
pas attendus pour donner son sang autant pour les victimes que pour les coupables,
o non
pour d’abord changer ces autres,
o mais
déjà pour nous ouvrir les yeux, à nous même, sur notre pauvre amour,
- incapable
de nous aimer nous même comme lui-même nous aime,
- incapable
d’aimer les méchants comme lui même les aime.
- En
fait, si je peux me permettre, ce qui est le plus juste théologiquement chez Pierre-Louis,
c’est :
o d’abord
sa référence aux prières du Seigneur et de l’Eglise, modèles et maitresses de
toutes justes prières,
o la
découverte que, pour des réalités bien différentes, « je me sens tout
aussi pécheur que lui ».
- C’est
toute l’histoire et l’unique histoire des pharisiens et des publicains. Dans
notre monde marqué par le péché, il n’y a que :
o des
méchants pécheurs qui ont vraiment du mal à se mettre en route,
o des
gentils croyants qui sont quasiment tous, comme le dit Jésus, « sépulcres
blanchis », c’est à dire beau dehors, mais sans miséricorde dedans pour
les autres, les pécheurs, les gros pécheurs publics.
- De
ces gentils croyants, deux solutions :
o soit
ils sont bons… comme Dieu est bon, et vont donc suivre Jésus en sa folle, en
son excessive miséricorde pour les méchants pécheurs,
o soit
ils ne sont pas bons comme Dieu est bon, incapables de vouloir pour les
méchants pécheurs la miséricorde du Seigneur. Finalement et logiquement, comme
ils ne sont pas bons comme Dieu est bon, ils ne sont pas bons du tout. Ils sont
pécheurs et sans miséricorde, condamnables et condamnés. Et comme ils ne
veulent pas la miséricorde pour les pécheurs, les autres pécheurs publics, il
ne peut y avoir non plus de miséricorde pour eux, pécheurs privés !
- Et
cette clef, c’est tout l’esprit d’UEDLP. Si peu à peu, confrontés à ces
difficultés de l’appel à la prière universelle, nous voyons où ces questions
nous emmènent, alors soit nous décrochons, soit nous changeons. Ce ne sera
peut-être pas la 1ère ou la 2ème personne qui changera
mais nous même qui deviendront plus et vrais disciples du Seigneur de toute
miséricorde. Ce ne sera plus nous qui vivrons en nous, mais le Christ qui vivra
en nous, et nous pourrons, en ce temps, servir la guérison des 1ers
et 2nds.
- Et
finalement, le mot important de la Bible et de l’Évangile, n’est pas le mot
aimer. Il est galvaudé, mis à toutes les sauces, même les plus tristes et
sales. Le mot important dans la bouche de Jésus, c’est le mot comme.
Père Bruno
øøø
Ø Certains priants nous demandent
s’il faut continuer de prier pour l’enfant qui leur a été confié, car devenu
grand voire lui-même adulte, et demandent éventuellement qu’un autre prénom
leur soit confié :
Même s’ils sont devenus adultes, ces « enfants » ont toujours besoin du soutien de notre prière. La blessure demeure, elle reste profonde des années, parfois même toute une vie. Ils ont aussi besoin de notre prière pour que leur cœur s’ouvre au pardon, se convertisse pour aimer la personne qui leur a fait du mal. Aux yeux de Dieu ils restent des enfants comme nous tous enfants d’un même Père.
Ø D’’autres nous écrivent pour
avoir des nouvelles de l’enfant qui est confié à leur prière ou souhaiteraient
rentrer en contact avec lui.
À
cela nous ne pouvons répondre que "confidentialité et distance" .
Des
éducateurs, psychologues, enseignants, infirmières… tout en conservant le
secret professionnel, acceptent de nous confier seulement des prénoms. D’autres
personnes au hasard de rencontre se confient… vous mêmes connaissez-vous
peut-être tel ou tel prénom d’enfant ( ou de maltraitant )... Nous ne pouvons
donc pas vous donner de plus amples renseignements sur ces enfants - la plupart
du temps nous ne connaissons nous-mêmes que leur prénom - et dans le cas où
nous en saurions plus, vous comprendrez aisément que la confidentialité doit
être totale pour le bien de ces enfants.
Notre seule
action pour eux est la prière. Votre
prière, notre prière, est celle des membres du Corps du Christ pour d’autres
membres souffrants du Corps du Christ, pour le Christ lui-même. Elle est, au-delà
de nos bonnes volontés et de nos pauvretés, la prière de l’Eglise, du Peuple
Sacerdotal, c’est à dire de chrétiens articulés, organisés, incorporés à
l’unique prière du Christ.
Ces demandes nous montrent votre tendresse, votre compassion pour ces
enfants. Elles nous redisent également combien ces enfants ont du prix aux yeux
de Dieu, tout comme ces pauvres adultes qui les maltraitent, tout comme nous
tous, enfants d’un même Père.
Nous savons combien il peut être frustrant ce manque d’informations, de
contacts, mais il en va ainsi de la
gratuité de notre prière qui, en
communion avec les Saints, nous redit le mystère de la Foi et cet Amour fou que
Dieu a pour nous.