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UEDLP - Un Enfant Dans La Prière
11 mai 2007

0203 Dieu le Père

mains_enfant_p_reEn tant que curé, nous entendons parler de la maltraitance dans des circonstances pastorales qui surprennent au début, mais qui sont finalement terriblement évidentes. Parfois, lors d’échanges avec certains croyants non pratiquants qui demandent leur mariage ou le baptême de leur bébé, surgit une profession de non-foi, expression claire de non-foi avec son argumentation. : ‘Si vous saviez ce que j’ai vécu ou enduré de mon père. Combien j’ai été battu, et que maman n’a rien voulu voir. Non, un Père de plus au ciel, au mieux, ça ne sert à rien, au pire, ça fait peur !’
Dire à Dieu ‘Notre Père’, quand l’expérience qu’on en a, l’image si défigurée qui obstrue tout l’horizon, vous empêche physiquement, affectivement d’oser, de pouvoir imaginer Dieu ainsi. Ce qui devait être une icône de Dieu, une papa ou une maman de qualité est devenu une idole, une image substituée perverse qui détourne du vrai Dieu.
Un jour, un papa, un bon papa nous a enseigné à nous, 25 prêtres, son auditoire, une jolie chose de l’Evangile. Il soulignait que Jésus n’enseigna pas directement aux enfants, mais aux adultes. C’est à des adultes que Jésus parlait du Père céleste, et tout ce qui suit est aussi valable pour les mamans !
Si vous dites à un enfant qui a un bon papa : ‘Dieu est ton Père’, l’enfant projette son expérience. Papa, il est génial, il est magique. J’ai faim ? J’ai peur ? Je veux ? En faisant la mimique voulue, ma parole, mon cri marche toujours. C’est magique... Et Dieu-le-Père sera perçu plus tard  comme un magicien inefficace !’
Si vous dites à un ado qui a un bon papa : ‘Dieu est ton Père’, l’ado projette son besoin de liberté, d’autonomie, il veut voler de ses propres ailes. Comme le papa qu’il lui faut rejeter pour devenir adulte, Dieu-le-Père est le gêneur de ma liberté, un gêneur à contourner pour exister.’
Mais si vous dites à un papa : tu vois ton expérience. C’est fabuleux et si impressionnant d’être papa. Tu peux tout … sauf l’essentiel. Si tu fais le devoir difficile de ton enfant, au bout de 6 mois, il devient fainéant et nul. Si tu le laisses à lui même, il désespère et angoisse. Il te faut être ni trop prêt, ni trop loin, et ça te prends aux tripes. Quand il s’envole vers dehors, tu le voulais, mais tu as peur….. Et bien, Dieu, il est comme toi’. Alors l’adulte peut dire : ‘Si Dieu c’est ça, alors je comprends, c’est génial’.
De cet enseignement, j’ai beaucoup reçu pour comprendre les adultes blessés. Et vous voyez ce qu’on peut en tirer pour essayer d’aider un adulte blessé : ‘Tu ne trouveras pas Dieu en te revoyant fils ou fille. L’image que malheureusement tu as eu, est brouillée. Papa n’est pas une ‘icône’ qui révèle Dieu, mais une ‘idole’ qui bouche la vision.’ ‘Cependant, tu pourras comprendre Dieu en regardant ce que tu essayes de trouver en toi pour ne par reproduire le mal. Tes efforts pour devenir un papa dont tu ne sais rien, ton rêve même de ce que devrait être un vrai papa et que tu essayes d’être, tout ça sera icône de Dieu. Ton expérience ouvrira le chemin de l’intelligence, de la foi. Tu auras toujours un peu, ou beaucoup peur de Dieu-Père parce que spontanément tu te mets du côté de l’enfant. Mais tu pourras apprendre à regarder ta réalité de papa qui fait ce qu’il peut, et c’est beaucoup pour ton enfant à toi et pour toi, enfant d’un Dieu qui s’est fait sur la terre, enfant maltraité par les pères de la société, les grands, les chefs.
Si domine en toi l’image de l’enfant ? Alors, Dieu est aussi de ce côté … et peu à peu, tu pourras passer des idoles : ‘je suis l’enfant maltraité d’un mauvais papa’, … à l’icône : ‘je suis un papa qui rencontre un Dieu qui a choisi de se révéler enfant pour rejoindre tous les maltraités de la terre et offrit un chemin d’espérance à toute l’humanité’.
Bien sûr, ces mots sont des mots. Mais qu’avons nous d’autre, avec notre respect et notre tendresse, avec notre prière, pour être à côté du grand, petit blessé !
Père Bruno - mars 2002

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